mardi 1 novembre 2011

Un grand jour...

Cela fait bien longtemps que je nous vous avais pas entrouvert la porte de l'armoire de Jeanne...

 ***

Je voulais vous présenter deux magnifiques pièces de linge ancien brodé, que je conserve le plus précautionneusement du monde...

 Ce brassard était un élément porté par le jeune garçon qui allait faire sa communion. Il apparaît à la fin du XVIIIème siècle, lorsque la première communion devient un événement public et paroissial. Ce large nœud de soie blanche se serre à l'aide d'une bande qui entoure l'avant-bras gauche du garçonnet. Il se termine par de grandes franges. De couleur blanche ou naturelle, il symbolise la pureté de l'enfant qui prendra part à l'Eucharistie pour la toute première fois de sa vie. Sa couleur si claire tranche avec celle du costume de cérémonie qui était la plupart du temps de couleur sombre, voire noir. Le nœud est parfois offert à un sanctuaire en ex-voto, ou dans certaine famille, pieusement conservé.

***
Ce fut le cas dans la famille de mon mari, qui conserva ce brassard de génération en génération sans que plus personne ne sache vraiment qui l'aie porté. Qu'importe, puisqu'il vit désormais une seconde vie bien à l'abri dans mon coffre de linge ancien, et prolonge une vie virtuelle au travers l'armoire de Jeanne...

***
Sur l'un des pans, une composition florale a été brodée en fil de soie. Plusieurs boutons de fleurs et quelques feuilles au passé plat et au point de feuille forment un élégant berceau à la fleur épanouie qui surplombe cette composition. Cette fleur me fait penser à un œillet, bien que les pistils qui s'en dégagent me fassent douter... (Si quelqu'un a une idée plus précise du nom de cette fleur brodée : qu'il n'hésite pas à laisser un commentaire !)
L’œillet étant une fleur au symbolisme très fort dans la religion catholique, cela pourrait bien en être un. En effet, cette plante a pour nom latin Dianthus, ce qui signifie : "fleur de Dieu". Son inflorescence ressemblant à un clou, la religion catholique l'a rapproché naturellement des clous de la passion. 
Dans l'art pictural du Moyen-Age, et surtout chez les peintres primitifs flamands, l’œillet est le symbole de la fidélité conjugale. 
Brodé sur un brassard de communion, on peut imaginer qu'il signifie donc la fidélité que le jeune doit avoir envers Dieu.
Et puis il y a cette étrange broderie cousue au bas de chaque pan de soie et qui supporte les franges. En y regardant de plus près, je me suis aperçue que ce n'était pas de la broderie ajourée comme je le pensais d'abord... Mais il s'agit en fait d'une multitude de point de feston et de points de poste qui sont venus recouvrir de petits anneaux de métal en forme de losange ou ronds !
Accrochés tous ensemble avec de petits points discrets, ils forment une jolie frise ouvragée.

***
Avec cette magnifique pièce de soie brodée, je me sens telle une gardienne de la mémoire d'une partie de ma belle-famille... Et le fait de m'imaginer que ce morceau d'étoffe a eu une utilité et une connotation toute particulière me donne de l'émotion...
La contempler me fascine et je me suis amusée à en comprendre chaque partie assemblée...

***
Quant à la seconde pièce brodée que je voulais vous présenter aujourd'hui, la voici :
Il s'agit, je pense, d'une aumônière de communiante. C'est la raison pour laquelle je souhaitais vous montrer simultanément ces deux accessoires. Elle aussi est en soie, entièrement recouverte et bordée d'un motif en dentelle dans le même camaïeu. Le montage semble assez artisanal, aussi je pense que c'est l'ouvrage d'une maman qui a dû confectionner avec amour ce très élégant accessoire pour sa fille adorée...
Deux nœuds de soie ont été cousus par-dessus la dentelle, et servent à soutenir l'anse. Au centre de l'aumônière, ce qui semble être une lyre mais qui peut aussi être perçu comme une fleur de lys, trône majestueusement.
Les petites bourses faisaient souvent la grande fierté des jeunes filles qui les portaient à la main lors de la cérémonie religieuse. D'une contenance minime, elles étaient pourtant bien utile pour y glisser un mouchoir brodé à leurs initiales, ou encore quelque menue monnaie pour la quête.
En vérité, cette aumônière fait l'épaisseur d'une main seulement ! C'est dire si elle ne peut contenir que de minuscules objets...
Qu'importe, car j'imagine combien la porter a dû ravir la jeune fille pour qui elle fut destinée...


2 commentaires:

Louise a dit…

Quel plaisir de te voir entrouvrir la porte du paradis ;-)
Bisous
Louise

Hellès a dit…

Louise : merci !